Chandeleur

La Chandeleur est le nom populaire de la fête chrétienne célébrée le 2 février qui commémore la Présentation de Jésus au Temple de Jérusalem et la Purification de la Vierge Marie.

Un peu d’histoire

Selon la Loi mosaïque, tout mâle premier-né dans une famille devait être consacré à l’Éternel en remerciement pour avoir épargné la vie des Israélites lors de leur traversée de l’Égypte. Quarante jours après sa naissance, il devait ainsi être présenté au Temple et “racheté” à Dieu contre une offrande symbolique. Ce rite de présentation et de rachat du fils premier-né était également accompagné d'un rite de purification auquel la mère devait se soumettre six semaines après la naissance de l'enfant. C'est pourquoi cette fête était autrefois également appelée Fête de la Purification de la Vierge Marie.

La coutume de “purifier” les femmes après l'accouchement était pratiquée en Pologne à l’église, notamment à la campagne, jusque dans l'entre-deux-guerres du XX^e siècle et était appelée « wywód ». En France, cette cérémonie des relevailles avait pour but de réintégrer une jeune mère ayant accouché, n’ayant pu se rendre à l’église pendant sa période de quarantaine.

La Chandeleur symbolise donc la Présentation de Jésus au Temple de Jérusalem par Marie et Joseph. L’Évangile raconte que le vieillard Siméon prit l’Enfant dans ses bras et l’accueillit comme « Lumière pour éclairer les nations païennes ». De cette annonce est née la traditionnelle utilisation de la lumière des cierges lors de cette fête. Ainsi la Chandeleur, qui signifie « fête des chandelles », deviendra l’occasion pour les chrétiens de bénir des cierges et d’organiser des processions.

Cette fête fut célébrée à Jérusalem dès le IV^e siècle, immédiatement après la fin des persécutions, et à Rome depuis le V^e siècle. C’est à partir du X^e siècle que le rituel de consécration des cierges est devenu populaire, dont la flamme symbolise Jésus - Lumière pour éclairer les nations.

La Chandeleur est donc riche de la symbolique de la lumière. Cependant, en Pologne, en raison du culte de la Vierge Marie, ce jour est célébré comme sa fête.

Matka Boska Gromniczna

Le nom de la fête vient du cierge apporté par les fidèles à l'église pour la bénédiction, appelé “gromnica”, du vieil adjectif polonais “gromny” - tonitruant. Autrefois, on croyait que la “gromnica” avait le pouvoir de repousser la foudre et aussi de protéger les maisons contre la foudre.

Même si la période de Noël se termine liturgiquement avec la fête du Baptême du Seigneur, soit le dimanche qui suit l’Épiphanie, la tradition polonaise permet de conserver la crèche et le sapin à la maison et à l’église ainsi que de chanter des “kolędy” (cantiques de Noël) jusqu’au 2 février, date à laquelle nous célébrons la fête de la Chandeleur. C’est aussi la fin de la période des visites pastorales à domicile.

Les coutumes d’antan en Pologne

Après avoir été bénis à l’église, les cierges allumés, décorés de rubans, étaient solennellement rapportés à la maison. Si durant le trajet, trois gouttes de cire tombaient sur la main, c'était de bon augure - la flamme de la bougie était censée protéger les gens et leurs troupeaux des loups et des mauvais esprits, d’inverser les sorts et les charmes maléfiques, d’anéantir les maladies, d’abréger l’agonie des mourants et les conduire vers la lumière éternelle. Par contre, une flamme qui s’éteignait accidentellement présageait la mort d'un membre de la famille. Au retour de l'église, avec la fumée dégagée par le cierge consacré, un signe de croix était tracé sur la poutre du plafond et tous les feux domestiques étaient allumés avec sa flamme en priant pour être protégé contre tous les dangers.

Lors d'un orage, les cierges étaient allumés et placés à la fenêtre ou sur la table autour de laquelle les membres de la maison se rassemblaient tout en priant pour que la foudre s’éloigne.

Ils étaient aussi allumés devant l'image de la Vierge Marie à chaque fête mariale.

Il y avait aussi une croyance répandue selon laquelle la “gromnica” repoussait les loups, qui en hiver constituaient une grande menace pour les humains et les animaux de la ferme. C'est pourquoi elle était emmenée lors d'un déplacement à travers une forêt. Cette coutume était liée à une légende selon laquelle la Vierge Marie sauva un loup des villageois qui le recherchaient pour le tuer. Depuis lors, on croyait que Marie protégeait les loups des hommes, mais aussi les hommes des loups.

La “gromnica” était également allumée près du lit d’un mourant. Après sa mort, elle était placée entre les mains du défunt. Cela signifiait que, telles les « vierges prudentes », il sortait avec une lampe allumée pour aller à la rencontre de Dieu.

Aux enfants, et dans les temps anciens aussi aux adultes, on utilisait des cierges pour brûler des mèches de leurs cheveux sur les quatre côtés de la tête afin qu’ils n’aient pas peur de la foudre et des loups.

Le jour de la fête de “Matka Boska Gromniczna” était également la date limite pour les demandes en mariage. D'où le dicton : “Le jour de la Chandeleur, soit en bonne santé, mon beau !” Cela signifiait que si le célibataire ne s’était pas déclaré à la jeune fille jusque-là, il n'aurait plus assez de temps pour préparer un mariage et devrait attendre longtemps, car le Carême allait bientôt commencer…

La croyance commune dans le pouvoir protecteur de la “gromnica” était liée à la croyance dans le patronage et la protection de Marie, Mère de Dieu, en tant qu'intermédiaire entre l'homme et Dieu, capable d'obtenir des grâces.

De nos jours, des cierges sont apportés dans les églises pour être bénis puis portés en procession. Ils sont un symbole de l’humanité du Fils de Dieu, ainsi qu’un symbole de foi, d’espérance et d’amour avec lesquels un chrétien doit suivre le Christ.

Dans de nombreuses maisons, une “gromnica” est conservée avec le rameau pascal pour protéger la maison et ses habitants de tout mal.

Quelques dictons polonais

♦ Si le cierge coule à l’église, l'hiver s'éternise.

♦ On dit qu’à la Chandeleur on est déjà à la moitié de l'hiver, mais ce ne serait pas une nouvelle s'il ne faisait que commencer.

♦ Quand le soleil brillera à la Chandeleur, arriveront gelées et tempêtes de neige.

♦ Quand il gèle à la Chandeleur, range ton traîneau et prépare ton chariot.

Quelques dictons français

♦ À la Chandeleur, l'hiver se meurt ou prend vigueur.

♦ S’il fait beau le 2 février, il fera beau pendant quarante jours.

♦ Chandeleur claire, l’hiver derrière. Chandeleur trouble, l’hiver redouble.

♦ Rosée à la Chandeleur, hiver à sa dernière heure.

En France, pourquoi mange-t-on des crêpes à la Chandeleur ?

Au V^e siècle, le pape Gélase 1^er offrait des crêpes aux pèlerins pour les encourager et les récompenser d'être venus jusqu'à Rome pour fêter la Chandeleur. Les crêpes nécessitent peu d’ingrédients. Rondes et jaunes, elles ressemblent au disque solaire et peuvent annoncer le retour du printemps. La coutume a perduré à travers les siècles et ce jusqu’à nos jours. Faire sauter les crêpes est censé porter bonheur toute l’année.

Plusieurs traditions y sont associées, comme celle de faire sauter la première crêpe de la main droite en tenant un louis d’or (ou une pièce) dans la main gauche. Certains placent même la première crêpe en haut d’une armoire pour assurer bonheur et prospérité au foyer toute l’année.

À Marseille, les fêtes de la Chandeleur durent 9 jours ! Le 2 février, elle débute par une procession, une bénédiction des cierges et de la Vierge noire, une messe… L’archevêque bénit ensuite non pas des crêpes mais les fameuses navettes, des biscuits (très) secs parfumés à la fleur d’oranger qui ont la forme d’une barquette. Là-bas, la navette est bel et bien le symbole de la Chandeleur !

Jour de procession pour les uns, pause gourmande au cœur de l’hiver pour les autres, le 2 février l’Église universelle ne célèbre pas seulement la Chandeleur ! Depuis 1997, à l’initiative du pape Jean-Paul II, ce jour est également dédié à la Journée de la vie consacrée. Elle est pour l’Église l’occasion de prier pour tous les consacrés qui ont décidé de suivre les pas du Christ.