Du pétrole au large de la Pologne ?

Lundi 21 juillet, la compagnie canadienne Central European Petroleum (CEP) a annoncé une découverte : des sondages ont mis à jour des réserves estimées à 22 millions de tonnes de pétrole brut et 5 milliards de mètres cubes de gaz naturel dans la partie polonaise de la mer Baltique, située à la frontière avec l’Allemagne à qui cette découverte cause de sérieuses inquiétudes. Il pourrait s’agir du gisement le plus important découvert dans cette zone depuis la Seconde Guerre mondiale.

Le puits principal baptisé Wolin East 1 (WE1) – atteignant une profondeur verticale de 2 715 mètres – se situe à quelque 6 kilomètres de la ville portuaire de Świnoujście, dans le nord-ouest de la Pologne. Présentant des défis techniques et logistiques, le puits, qui impliquait un déplacement complexe de l'appareil de forage, une profondeur d'eau extrêmement faible et des conditions de forage difficiles, a été réalisé en 70 jours.

C'est la filiale polonaise de la CEP qui supervise le projet. La société mère, basée à Calgary au Canada et détenue majoritairement par des investisseurs norvégiens, a été créée à l'origine pour explorer les hydrocarbures dans l'Union européenne.

Sur l'ensemble de la concession Wolin, qui couvre 593 km², les ressources totales sont estimées à plus de 33 millions de tonnes de pétrole et 27 milliards de m³ de gaz. Il s’avérerait qu’il s’agit de pétrole light sweet crude, le type de pétrole le plus recherché et le plus précieux sur les marchés mondiaux.

Il faut cependant tempérer l’enthousiasme de l’opinion publique et de certains médias : même si à première vue ces chiffres peuvent paraître impressionnants, le gisement de Wolin Est pourrait, c’est vrai, doubler la production nationale, mais son exploitation s'étendra sur de nombreuses années et ne remplacera jamais les importations, qui couvrent actuellement 97 % de la demande intérieure.

Alors, attendons… Avant de pouvoir commencer toute activité d’extraction, la compagnie devra suivre une procédure administrative complète : elle devra soumettre des documents géologiques et d'investissement et obtenir un permis d'exploitation. Et aussi, il faudra ensuite obtenir une décision environnementale, décision qui dans ce cas, en rapport avec la localisation, résultera d'une procédure transfrontalière en accord avec les autorités allemandes compétentes. Bien entendu, il faudra en outre préparer toute l'infrastructure pour traiter ce gisement, pour envoyer le pétrole et le gaz naturel qui y seront extraits vers les raffineries où ils seront traités. La première extraction pourrait donc avoir lieu pas avant 2030.