Éphéméride polonaise
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30 juin30/06/2025
1946 - Référendum populaire falsifié par les autorités communistes.
Dans ce vote, les Polonais devaient se prononcer sur l'existence du Sénat, la consolidation des changements économiques résultant de la réforme agraire et la question des frontières occidentales du pays. Le référendum a été nommé "3 x OUI" à partir des slogans de propagande qui ont encouragé une réponse positive à trois questions.
1. Es-tu favorable à l'abolition du Sénat ?
2. Souhaites-tu fixer dans la future Constitution le système économique introduit par la réforme agraire et la nationalisation des branches de base de l'économie nationale, tout en conservant les droits statutaires d'initiative privée ?
3. Veux-tu consolider les frontières occidentales de l'État polonais sur la Baltique, l’Oder et la Neisse de Lusace ?
Ce référendum était censé être un test de la popularité des communistes qui dirigeaient le pays et de leurs alliés. Cependant, il deviendra un symbole de manipulation et de falsification des élections dans la Pologne d'après-guerre. Selon les résultats officiels, plus de 90% de la population ont voté "3 x OUI". Ce n'est qu'après 1989 que les données seront publiées, qui montreront que 30 à plus de 70% avaient dit "NON" au référendum.
Juste avant le vote, le gouvernement d'Edward Osóbka-Morawski avait promis d'améliorer les conditions de vie des agriculteurs. À son tour, Władysław Gomułka, vice-Premier ministre et ministre des Territoires recouvrés, avait prononcé son célèbre discours dans lequel il avait clairement expliqué comment voter. Dans son style typique, il avait fait l'éloge de l’ainsi nommée démocratie populaire.
L'armée, la milice, l'ORMO (Réserve des volontaires de la milice citoyenne) et l'UB (Bureau de sécurité) ont protégé les urnes contre les attaques de la résistance armée. Il a été signalé qu’environ mille militants de gauche ont été tués au cours des préparatifs du vote. Après le vote, les officiers des services spéciaux soviétiques ont rédigé près de 6000 nouveaux rapports de commissions électorales et falsifié 40000 signatures de leurs membres. ‹LS›
29 juin29/06/20251941 - Décès à New York d’Ignacy Paderewski, pianiste, compositeur et militant social, homme d'État. Il est né le 18 novembre 1860 à Kuryłówka en Podolie dans la partition sous occupation russe, d’un père administrateur de propriétés terriennes. Sa prédisposition pour la musique se manifeste dès l'âge de 3 ans. À 12 ans, il entre à l'Institut de Musique à Varsovie où, une fois son diplôme obtenu en 1878, il va enseigner le piano. À partir de 1881, il poursuit ses études à Berlin, puis à Vienne. En mars 1888, il donne un concert dans la Salle Érard à Paris, qui verra le début de sa grande carrière de pianiste et de représentations dans presque tous les pays d’Europe et des deux Amériques, ainsi qu’en Afrique du Sud et en Australie. À ses récitals, on pouvait rencontrer même des têtes couronnées.
Paderewski était un ardent patriote. Il fit don de grosses sommes d’argent à diverses fondations à caractères patriotiques et nationaux. Le début de son activité socio-politique est lié au dévoilement en 1910 à Cracovie - pour célébrer le 500e anniversaire de la célèbre bataille - du Monument de Grunwald, dont il est le fondateur. Pendant la Première Guerre mondiale, il milite au sein du Comité central de secours pour les victimes de la guerre en Pologne qu’avec Henryk Sienkiewicz il a fondé en janvier 1915 à Vevey, en Suisse. Représentant des vues proches de la Démocratie nationale, il en soutient les initiatives visant à la renaissance de l'État polonais avec l'appui de l'Entente. En février 1915, passant par la Suisse et la France, puis la Grande-Bretagne, il se rend aux États-Unis. Là, il va mener une très intense activité pour l'indépendance de la Pologne. Il organisera plus de 300 réunions reliées à des concerts, au cours desquelles il prononcera des discours et encouragera à fournir une assistance aux Polonais luttant pour leur liberté. Avec l’aide de personnes influentes, il parvient jusqu’au président Thomas Woodrow Wilson pour l'informer de la situation en Pologne, de la politique des envahisseurs, du drame des Polonais, réussissant à le convaincre à soutenir la cause polonaise. Il va aussi jouer un rôle énorme dans l’acquisition par la Polonia américaine d’une position pro coalition, ce qui aboutira à près de 30 000 volontaires qui des États-Unis rejoindront l'armée polonaise en France. Le 28 août 1917, il entre dans la composition du Comité national polonais à Paris, devenant son représentant aux États-Unis. Dans une large mesure, il aura contribué au fait que dans le discours prononcé le 8 janvier 1918 par le président T. W. Wilson devant le Congrès américain, se trouvera dans un des “quatorze points de Wilson” la reconstruction d'un État polonais indépendant avec accès à la mer. Il va également jouer un rôle important dans l'adoption le 3 juin 1918 de la déclaration dans laquelle la Grande-Bretagne, la France et l'Italie reconnaissent la création d'une Pologne unie et libre comme condition préalable à une paix juste et durable en Europe. Le 25 décembre 1918, Paderewski arrive à Gdańsk à bord d’un croiseur britannique. Le lendemain, il se rend à Poznań. Sa visite provoque une grande manifestation patriotique et indirectement, suite à une provocation allemande, va lancer l’Insurrection en Grande-Pologne. Józef Piłsudski - alors provisoire chef d’État - afin d'aboutir à un compromis entre la gauche indépendantiste et la Démocratie nationale, nomme Paderewski le 16 janvier 1919 président du Conseil des Ministres et en même temps ministre des Affaires étrangères et délégué de la Pologne à la Conférence de paix à Paris. Ainsi, au nom de la Pologne, le 28 juin 1919 Paderewski signera le Traité de Versailles.
Le 9 décembre 1919, il démissionne de sa fonction de Premier ministre, des factions parlementaires n’étant pas satisfaites des conclusions de la Conférence de la paix. L'indignation est venue, entre autres, du fait qu'il n'a pas réussi à négocier une union durable de la Galicie orientale avec la Pologne. En janvier 1920, il déménage en Suisse pour se reposer de la vie politique. Cependant, il continuera à représenter la Pologne, étant entre autres délégué au Conseil des ambassadeurs et délégué à la Société des Nations.
En 1921, il quitte l'Europe et part aux États-Unis. Il maintient des contacts avec le Parti populaire chrétien-national et soutient financièrement le journal “Rzeczpospolita” qu’il a créé en 1920 de ses propres deniers et dont le rédacteur est Stanisław Stroński. En 1924, il vend le journal et pour un certain temps se retire de la vie politique active.
Dans les années trente, il s’engage dans le processus d'unification des forces d’opposition contre le gouvernement de la Sanacja (assainissement). Dans sa villa à Morges en Suisse, il rencontre, entre autres, Wincenty Witos, le général Władysław Sikorski et le général Józef Haller, devenant l'un des initiateurs de la formation du mouvement politique appelé “Front Morges”. En 1937, il soutient l'idée de l'unification du Parti national ouvrier, de la Démocratie chrétienne et de l'Union des partisans de Haller au sein du Parti du travail.
Après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il assume la présidence du Conseil national de la République de Pologne, créé en France en décembre 1939. En août 1940, il part aux États-Unis, de nouveau à la recherche d’une aide pour la Pologne.
Après son décès, il a été inhumé dans le cimetière militaire d'Arlington, à Washington. En 1992, ses cendres seront transférées en Pologne et déposées dans l’archicathédrale Saint-Jean à Varsovie. Ignacy Paderewski a reçu, entre autres, l’Ordre de Grand Officier de la Légion d'Honneur, l'Ordre de l'Empire britannique, le Grand Cordon de l'Ordre de l'Aigle Blanc, le Grand Cordon de l'Ordre de Polonia Restituta et à titre posthume la Croix de l'Ordre militaire de Virtuti Militari. Il a laissé des mémoires dont le premier volume est paru à New York en 1939 et en Pologne en 1961. ‹LS›
Paderewski_Op. 14 n°1 par la jeune pianiste polonaise Anna Lipiak