Éphéméride polonaise
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7 novembre07/11/2025

1968 - Première du film “Lalka/La poupée” réalisé par Wojciech Jerzy Has - un long métrage polonais basé sur son propre scénario, une adaptation du roman de Bolesław Prus (1890), de même titre. Les rôles principaux : Beata Tyszkiewicz, Mariusz Dmochowski, Tadeusz Fijewski. Musique : Wojciech Kilar. Film partiellement tourné dans des décors en bois imitant Varsovie près de la rue Skarbowców à Wrocław, par contre certains plans intérieurs ont été tournés à l'Hôtel Art nouveau Monopol (également à Wrocław). Pour la réalisation, ont été employées 98 personnes pour le seul service technique, environ 350 acteurs, 10 000 figurants. Ont été cousus et empruntés un millier de costumes. 26 élégantes voitures et quatre wagons authentiques du chemin de fer Varsovie-Vienne ont enrichi le film. La plus grande scène du point de vue organisation, fut la scène des “courses” filmées pendant quatre jours avec la participation de 1 200 acteurs et figurants. La plus difficile - le panorama du quartier “Powiśle”. L’habillage des figurants pour cette scène pouvait même durer 16 heures. Cette production est un film en couleurs avec un son monophonique. “La poupée”, beau film, parfois très pittoresque, reflète fidèlement le climat de l'époque, son genre, ses types humains, sa couleur spécifique et son charme. Récompenses reçues (1969) : Beata Tyszkiewicz, Prix “Fleurs sauvages” (plébiscité par les téléspectateurs de Grande-Pologne) ; Festival internacional de cine (IFF-Panama) : Wojciech Jerzy Has (Grand Prix), Stefan Matyjaszkiewicz (prix pour la meilleure photographie), Mariusz Dmochowski et Tadeusz Fijewski (prix d'interprétation). ‹LS›
6 novembre06/11/2025
1939 - Déclenchement de la Sonderaktion Krakau visant la communauté enseignante, l'une des actions les plus dramatiques contre l'intelligentsia polonaise.
Les Allemands ont convoqué des professeurs de Cracovie à une conférence sur l'attitude du Troisième Reich et du national-socialisme face aux questions posées par la science et l'enseignement supérieur. L'invitation s'est avérée être une ruse. Le commandant de la 2e unité opérationnelle du 1er groupe opérationnel (Einsatzkommando 2/I), le sturmbannführer SS Müller, venu à la réunion accompagné de la police, a fait une brève déclaration au lieu de s'expliquer : “Messieurs, je vous ai convoqués afin de vous dire que l’université cracovienne a toujours été un foyer de climat antiallemand, éduquant la jeunesse dans cet esprit malveillant [...]. Par conséquent, vous allez être arrêtés et envoyés dans un camp.”
Au total, les nazis vont arrêter 183 professeurs et chargés de cours des universités de Cracovie, principalement de l'Université Jagellonne, également de l'École des mines et de l'École de commerce, ainsi que plusieurs autres personnes qui se trouvaient alors dans le bâtiment ou dans ses environs.
Les détenus seront d’abord envoyés à la prison de police de la rue Montelupi, puis dans la caserne du 20e régiment d'infanterie, rue Mazowiecka. Après la libération de 11 personnes, suite à une action de la Croix-Rouge polonaise, le 27 novembre tous les autres seront déportés via Wrocław vers le camp de concentration de Sachsenhausen, près de Berlin. Cette action de la police pour emprisonner les professeurs de Cracovie a fait partie d'un plan plus large d’éradication de l'élite polonaise.
La communauté internationale n’a pas été indifférente à l’action menée à Cracovie. Sonderaktion Krakau a fait les titres de la presse du monde entier. Benito Mussolini lui-même a protesté contre l'action allemande. Le 8 février 1940, les nazis libéreront 101 prisonniers âgés de plus de 40 ans. Avant d'être relâchés, ils ont dû renoncer à exercer leur profession à l’avenir. Jusqu’à ce jour-là, 12 professeurs remarquables sont morts d'épuisement dans le camp. Cinq autres mourront peu après leur retour à Cracovie.
Les autres (principalement des scientifiques plus jeunes) seront transférés le 4 mars dans le camp de concentration de Dachau, d'où la plupart seront libérés au bout de 19 mois. Certains scientifiques ont été assassinés. La dernière victime du Sonderaktion Krakau va quitter le camp de concentration allemand en octobre 1941.
Le 6 novembre de chaque année, des drapeaux noirs sont hissés aux façades de l’université Jagellonne de Cracovie en présence du recteur. ‹LS›
5 novembre05/11/2025
1926 - Naissance à Gdańsk de Zygmunt Chychła, boxeur, vainqueur de la première médaille d'or olympique polonaise après-guerre. Le début de sa carrière de boxeur n’est pas très chanceux, car à l’âge de 7 ans, le garçon perd l'index de sa main gauche dans un hache-paille, mais il s'avérera, heureusement, que cela ne nuira aucunement à son avenir dans la boxe. Il commence l’entraînement en 1939. La guerre va brutalement interrompre son rêve de gloire sportive. En 1944, il est enrôlé de force comme citoyen de la Ville libre de Dantzig dans la Wehrmacht et envoyé sur le front occidental. Il déserte l'armée allemande (en fait il se fait prendre) pour le maquis français (Résistance) et après la libération de la France (à Grenoble), il part pour l’Italie, où il va servir dans le 2e Corps du général Władysław Anders jusqu'en 1946. Après son retour au pays, va débuter la deuxième période de sa carrière de boxeur entre les années 1946-1953, où il fait partie de clubs de Gdańsk : Gedania (1946-1949) et Kolejarz (1950-1953). Le “dur Cachoube” - comme on commence communément à l’appeler, combattant chez les poids welters (170 cm, 66 kg) n'a pas des moyens physiques extraordinaires - comme il le dit lui-même - il faut donc rattraper avec “quelque chose” : la technique et une bonne défense. Ensuite viendra aussi le temps d’acquérir une attaque efficace. Et c’est ainsi que, dans un laps de temps très court, est né dans le pays un boxeur (invaincu durant six ans en tout cas), qui va marquer une nouvelle étape dans l'histoire de la boxe polonaise. Non seulement en remportant la première médaille d'or olympique, mais en continuant et en amenant pratiquement à la perfection le style polonais dans les combats de boxe où, par-dessus la force physique, dominent la vitesse, les réflexes et une défense efficace. Quatre fois champion de Pologne (1948-1950, 1952), une fois champion national par équipe avec la Gedania (1948-1949), il a dans le même temps été 17 fois représentant de Pologne dans des matchs internationaux en 1947-1952 (15 victoires, 2 défaites). Ses plus grands succès, il les remportera aux Jeux olympiques, en conquérant le titre de champion olympique. Sa suprématie absolue sur les rings du vieux continent, le boxeur de Gdańsk l’assurera lors de sa triple participation aux Championnats d'Europe (1947, 1951, 1953), quand il va remporter deux médailles d'or. Toutes deux chez les welters. La première, avant les Jeux Olympiques d’Helsinki, à Milan (1951). Le deuxième titre, il va le remporter au championnat, mémorable pour les Polonais, qui aura lieu à Varsovie (1953). Une grande série de victoires, après laquelle le champion de boxe ne retournera plus sur un ring. La tuberculose va l’en empêcher. Durant toute sa carrière, il a effectué 264 combats, dont 237 victoires, 12 nuls et 15 défaites. Maître émérite du sport polonais, il a été élu meilleur sportif de Pologne au plébiscite du “Przegląd Sportowy” (1951, 1952). Quand il retrouva la santé, pendant de nombreuses années, il va former des jeunes, tout en travaillant à la Direction régionale des chemins de fer à Gdańsk. Parallèlement, il va longtemps chercher à partir dans sa famille en Allemagne (sa femme est une Allemande, enfuie de Königsberg). Quand ses trois fils auront terminé l'école polonaise, les autorités vont consentir au départ et en 1972 il va émigrer en Allemagne. En 2003, le conseil municipal de Gdańsk décernera au boxeur le titre de citoyen d'honneur de la ville. Zygmunt Chychła est décédé le 26 septembre 2009 à l'âge de 83 ans à Hambourg. ‹LS›

