Éphéméride polonaise
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10 décembre10/12/2025

1996 - Wisława Szymborska (1923-2012) reçoit le prix Nobel de littérature pour “une poésie qui, avec une précision ironique, permet aux contextes biologique et historique de se manifester en fragments de vérité humaine”. L'un des poètes contemporains les plus marquants, critique littéraire, feuilletoniste, traductrice de la poésie baroque française. À partir de 1931, elle vivra à Cracovie. Pendant l'occupation, elle travaille en tant qu’employée du chemin de fer. Elle fait ses débuts en 1945 dans le supplément du quotidien “Dziennik Polski” - “Walka” (Le combat) - avec le poème Je cherche le mot. De 1947 à 1948, elle est secrétaire de rédaction du bihebdomadaire “Świetlica Krakowska”. Dans les années 1953-1976, elle travaille à la rédaction du “Życie Literackie”, où pendant de nombreuses années elle va diriger la rubrique poésie et s’occuper du courrier littéraire, et à partir de 1968 publier des feuilletons du cycle Lectures facultatives (poursuivies ensuite dans la “Gazeta Wyborcza”). La notoriété et la reconnaissance des autorités lui seront apportées par ses premiers volumes de réalisme social avec les poèmes C’est ce pour quoi nous vivons et Questions à soi-même. Elle appartiendra au Parti ouvrier unifié polonais jusqu'en 1966, quand elle rendra sa carte du parti, suite au renvoi du parti du philosophe Leszek Kołakowski. Plus tard, Szymborska expliquera ses accents de réalisme social dans ses premiers poèmes, en disant qu'à l'époque elle a sympathisé avec le régime parce qu’elle aimait l'humanité dans son ensemble, et les années passant elle a commencé à apprécier la valeur d’aimer l’être humain en tant qu’individu. En 1976, après les événements de Radom, elle va quitter la rédaction du “Życie Literackie”. Elle publiera, entre autres, dans Odra, Twórczość, Współczesność, The Literary Review. Elle collaborera avec l'opposition démocratique. Dans les années 1981-1983, elle appartient à l’équipe éditoriale du mensuel cracovien publié en samizdat “Pismo”. Dans les années 80, elle collabore avec le magazine clandestin “Arka” et la revue “Kultura” de Paris. En 1988, elle cofonde l'Association des écrivains polonais. À partir de 1995, elle est membre de l'Académie polonaise des arts et sciences. La production de Szymborska est caractérisée par la précision et l’économie de mots, le langage familier, l'utilisation de l'ironie et du paradoxe, le contenu philosophique. La poétesse n’aura publié seulement qu’environ 350 poèmes. Parmi les œuvres sélectionnées : recueils de poèmes Pour quoi nous vivons (1952), Questions à soi-même (1954), L'appel au Yéti (1957), Sel (1962) , Cent consolations (1967), Le cas où (1972), Un grand nombre (1976 ), Les gens sur le pont (1986), Fin et début (1993), L’instant (2002), Deux points (2005) et Ici (2008), des recueils de feuilletons Lectures facultatives (cycles ultérieurs 1973, 1992), Le courrier littéraire, ou comment devenir (ou ne pas devenir) écrivain (2000), Nouvelles lectures facultatives (2002). En 2003, une partie de ses créations privées a paru dans le livre Bouts-rimés pour les grands enfants (2003). Elle sera, entre autres, lauréate du Prix littéraire de la Fondation Kościelski (1960), de prix du PEN club polonais (1980, 1996), du Prix Goethe (1991), du Prix Herder (1995). Elle a reçu la Médaille d'or du Mérite culturel polonais Gloria Artis, la Croix d'or du Mérite, la Croix de chevalier dans l’ordre Polonia Restituta, l’ordre de l'Aigle Blanc. En 2001, elle reçoit le diplôme de membre honoraire de l'Académie américaine des Arts et Lettres. Conformément à sa volonté, l'urne contenant ses cendres a été déposée dans le tombeau familial au cimetière Rakowicki à Cracovie. Elle a eu des funérailles laïques. ‹LS›
9 décembre09/12/2025
1410 - Une trêve polono-teutonique est conclue à Nieszawa près de Toruń. Après la grande victoire des armées combinées du roi polonais Władysław Jagiełło et du grand-duc de Lituanie Vytautas sur les troupes de l'ordre teutonique lors de la bataille de Grunwald (15 juillet), les forces polono-lituaniennes ont commencé une marche vers la capitale monastique - Malbork. En chemin, ils occupent tour à tour villes et châteaux. Le siège infructueux de Malbork, interrompu à la mi-septembre, aboutit à une contre-attaque de l'armée monastique. Le commandeur de Świecie Heinrich von Plauen (élu nouveau Grand Maître à la place d'Ulrich von Jungingen, tué à Grunwald) va mener une série d'actions militaires rapides et va rapidement reprendre la plupart des villes précédemment conquises par les Polonais. Lors d'une des expéditions des troupes monastiques qui ont rejoint le siège de Tuchola occupée par les Polonais, a eu lieu le 10 octobre la bataille de Koronowo contre l'armée polonaise qui allait au secours de cette ville. La bataille s'est terminée par une nouvelle lourde défaite pour l'Ordre. La situation militaire des chevaliers teutoniques ne fut pas améliorée par l'intervention du roi de Hongrie, Sigismond de Luxembourg, leur allié, dont les troupes en octobre 1410 envahirent la frontière polonaise depuis la Slovaquie. Après avoir pillé la terre de Nowy Sącz, les Hongrois se sont retirés et de l'autre côté de la frontière près de Bardejów ont été vaincus par l'armée du châtelain de Lublin, Jan de Szczekociny. N'ayant ni la force ni les ressources financières pour continuer le combat, les chevaliers teutoniques ont demandé à Władysław Jagiełło une trêve. ‹LS›
8 décembre08/12/2025
1941 - À Chełmno nad Nerem, début du fonctionnement du camp d’extermination allemand de Kulmhof - avec l’arrivée du premier transport de 700 Juifs de Koło. Jusqu'en avril 1944, les Allemands vont assassiner dans le camp plus de 150 000 Juifs. Kulmhof sera principalement un centre d’extermination pour la population juive du Wartheland, partie de la Pologne incorporée dans le Troisième Reich. Néanmoins, y seront également amenés des transports de Tziganes, rarement d’autres populations. Kulmhof a été conçu avant même la conférence de Wannsee qui a officiellement programmé l’extermination de la population juive d’Europe. Il est donc une preuve remarquable que l’extermination était inscrite beaucoup plus tôt dans la vision de la politique nazie. La conférence de Wannsee constituait seulement la mise en route à grande échelle de la machine qui avait été réalisée à l'avance. La décision d'exterminer les Juifs du Wartheland a probablement été prise au milieu de l’année 1941. Le camp a été créé particulièrement vite. On a utilisé le palais entouré d'un parc existant, on a déplacé les populations locales et on a pris les bâtiments pouvant servir les objectifs du camp (presbytère, dépôt, etc.). Les victimes seront tuées avec du gaz d’échappement dans des camions. En premier lieu, les corps seront ensevelis dans des fosses communes qui seront creusées durant l'été 1942 afin de brûler les corps. Pour les transports suivants, seront construits des fours crématoires. Le 7 avril 1943, on va abandonner les meurtres dans cet endroit, on fera sauter les bâtiments (y compris l'ancien palais adapté) et les fours crématoires. D'avril 1943 à juin 1944, le camp sera fermé. Après cette interruption, commenceront de nouveau à arriver des transports venant de Łódź. Le camp sera remis en marche encore en 1944, au moment de l'accélération de l'extermination avant l'arrivée de l'Armée rouge. Le camp cessera d'exister le 17 janvier 1945 à la veille de l’entrée de l'Armée rouge. Dans le camp ont constamment travaillé 120-130 SS. Sur le territoire du camp, s’élèvent un monument et un petit musée, dont l’inauguration s’est faite le 17 juin 1990. Dans le musée, on peut trouver quelques objets témoignant de l'histoire de ce site et des copies de rapports et de documents judiciaires d’après-guerre. Le monument représente un “mur de la mémoire” avec l'inscription : À la mémoire des Juifs assassinés à Chełmno 1941-1945. On a également restauré le contour des fondations du crématorium dégagées lors des fouilles. À la charnière des 20e et 21e siècles, ont été menées des recherches archéologiques qui ont abouti à la découverte de plusieurs endroits contenant des objets enfouis ayant appartenu aux victimes (montres, ciseaux, bijoux, petits objets d'usage quotidien). L'analyse complète de ce matériel permettra d'enrichir la connaissance sur Kulmhof et sur ses victimes. ‹LS›


