Éphéméride polonaise

  • 1 décembre
    01/12/2025

    1918 – Peu de temps après avoir retrouvé l’indépendance de l’État polonais, par l'arrêté n°38 du chef d'état-major général de l'armée polonaise, le damier blanc et rouge est officiellement introduit comme marquage officiel des avions militaires polonais. Le document spécifiait à la fois la taille et la forme du damier, ainsi que la disposition des couleurs sur celui-ci. Malgré cela, pendant les premières années après son introduction, il est apparu dans plusieurs variantes. Ce n'est qu'après la fin de la guerre polono-bolchevique et la réorganisation de l'armée de l'air en 1921 qu'il fut systématisé.

    Pendant la Seconde Guerre mondiale, le damier polonais était présent sur de nombreux fronts. Après la défaite de septembre, les formations aériennes polonaises formées en France portaient un damier à côté des cocardes françaises. Il était peint sur le fuselage et pivotait de 90 degrés par rapport au motif d'avant-guerre, c'est-à-dire que le champ supérieur droit était rouge. Les escadres polonaises en Grande-Bretagne avaient un petit damier peint sur le capot moteur, sous lequel était placée l'inscription POLAND. Les autres marques de nationalité étaient britanniques. Les formations aériennes polonaises combattant sur le front de l'Est avaient également des damiers de taille réduite sur le capot moteur, qui étaient peints à côté des marques d'appartenance soviétiques, c'est-à-dire des étoiles rouges.

    À l'époque de la République populaire de Pologne, le damier était peint sur les avions militaires sous une forme inchangée.

    À l'origine, les instructions indiquaient que le blanc serait peint dans les coins supérieur droit et inférieur gauche lorsque l'on regarde le damier. Cependant, selon les règles de l'héraldique, les couleurs doivent être inversées, car elles ont été déterminées en regardant à partir des armoiries, et non vers les armoiries. C'est pourquoi, depuis la loi du 19 février 1993, le blanc occupe les coins supérieur gauche et inférieur droit afin que le damier soit conforme aux règles de l'héraldique.

    Le damier polonais est l'un des signes de nationalité les plus distinctifs des forces aériennes du monde entier. ‹LS›

  • 30 novembre
    30/11/2025

    1808 - La charge du 3e escadron polonais du 1er régiment de chevau-légers de la Garde Impériale au col de Somosierra (Samosierra) ouvre à Napoléon la route vers Madrid et permet de poursuivre la campagne d’Espagne.

    La guerre dans la péninsule ibérique, lancée à l'automne 1807 par Napoléon, avait pour but d’assujettir le Portugal et l’Espagne aux autorités françaises et d’inclure ces pays dans le système du blocus continental qui interdisait les relations commerciales avec la Grande-Bretagne. Ce conflit s’avèrera être de longue durée et destructeur. En 1808, en Espagne a éclaté une grande insurrection nationale contre l'occupation française et contre le roi Joseph Bonaparte imposé au pays.

    Les forces françaises avaient l'intention d'attaquer la capitale par le nord-est, traversant les montagnes d’Ayllón. Sur cet itinéraire, le dernier endroit défensif pour les insurgés étaient les gorges de Somosierra, vers lesquelles conduisait une route étroite et sinueuse permettant aux Espagnols un tir d’artillerie aisé sur l’ennemi. Le commandant des insurgés, le général Benito de San Juan disposait de 16 pièces d’artillerie qu’il a partagées en quatre batteries et échelonnées sur un secteur de 2,5 km, ce qui permettait d’arroser la plus grande partie de la route menant au col. Les canons étaient desservis par environ 120 artilleurs, aidés par environ 8 000 fantassins.

    Le 29 novembre, une armée française, forte de 40 000 hommes - comprenant également des forces polonaises - était arrivée dans la petite ville de Boceguillas non loin du col de Somosierra, où l'empereur était venu s’informer des résultats des missions de reconnaissance effectuées.

    Dans la matinée du 30 novembre, trois régiments d'infanterie français ainsi que six canons se sont placés à l'entrée des gorges. Envoyés en reconnaissance, les chasseurs à cheval ont rapidement reculé à cause du tir d’artillerie ennemi. Profitant du brouillard résiduel, l’infanterie réussit à avancer un peu plus loin sur le terrain du col, cependant l’amélioration de la météo permettra un nouveau feu nourri espagnol. L'empereur ordonne alors à l'escadron polonais commandé par le colonel Jan Leon Kozietulski d’attaquer les batteries des insurgés. En l'absence de l'un des pelotons polonais envoyé précédemment en reconnaissance, les forces du détachement polonais sont diminuées. Une partie des commandants français protestent contre leur envoi, mais l'empereur réitère l'ordre d'attaquer.

    Les chevau-légers, en dépit des tirs d’artillerie et de fusils, grâce à une charge téméraire vont s’emparer de trois batteries de canons espagnols. Au détachement décimé, il reste un dernier secteur, assez fortement fourni en infanterie espagnole. Lors de l'attaque, va se joindre aux Polonais le détachement commandé par le sous-lieutenant Andrzej Niegolewski, envoyé précédemment en reconnaissance. Les chevau-légers vont emporter une quatrième batterie, mais ils sont cependant à bout de force. C’est alors que l'empereur va les appuyer avec des chasseurs à cheval et des fantassins, attaque qui provoquera la fuite des insurgés. Les Polonais vont se lancer à leur trousse et s’emparer de la ville de Buytrago située quelques kilomètres plus loin, où ils vont finalement battre les forces espagnoles, faire de nombreux prisonniers et faire l’acquisition de matériel militaire. Durant ce temps, les Français occupent le col et les sommets environnants.

    Napoléon appréciera l’assaut des Polonais, décernant notamment au sous-lieutenant Niegolewski blessé (neuf coups de baïonnette et un coup de sabre à la tête !) la croix de la Légion d'honneur. Néanmoins, dans le bulletin de l'Armée d’Espagne publié à l'issue de la bataille, l’empereur, même s’il vante les Polonais, attribuera les principaux mérites aux détachements français, qualifiant la charge de victoire polono-française. Suite à l'attaque du col de Somosierra, les pertes totales du côté polonais s’élèveront à 54 tués et blessés. Les Espagnols auront probablement perdu le plus gros des servants de canons, et environ 3 000 soldats auront été faits prisonniers. La prise du col a ouvert aux Français la route de Madrid et a contribué à la conquête finale de l'Espagne.

    *Le dernier accord de cette histoire et la légende qu’elle va créer aura eu lieu lors du défilé sur le champ de bataille que Napoléon ordonna d’organiser en l’honneur des Polonais. Au commandement “garde à vous !”, Napoléon ôta son chapeau et dit : “Honneur aux braves des braves !” L'empereur ne fut-il pas un magicien des âmes ?

    *“Soûl comme un Polonais” - une affirmation française populaire... “Il faut être saoul pour exécuter un tel ordre” - aurait dit l'un des généraux de Napoléon lorsque celui-ci a ordonné de charger dans le défilé du col de Samossiera. Après la bataille sanglante dans laquelle les Espagnols seront vaincus, des généraux français jaloux informeront l'empereur que les soldats polonais étaient ivres. “Alors messieurs, la prochaine fois, buvez comme des Polonais mais combattez aussi comme des Polonais”, répondra Napoléon. Malheureusement, les Français ont préféré effacer la deuxième partie de cette phrase. De nos jours, personne n'utilise l’expression “saoul comme un Polonais” dans son sens original, mais comme définition d'une personne très ivre. C’est dommage… Malheureusement, les Polonais eux-mêmes n’en sont-ils pas en partie responsables ? ‹LS›

    par January Suchodolski par Wojciech Kossak

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