Éphéméride polonaise

  • 3 mai
    03/05/2025

    1791 - Après un débat houleux au Château royal de Varsovie, la Diète de quatre ans adopte par acclamation une loi gouvernementale qui est passée dans l'histoire sous le nom de Constitution du 3 mai. C'est la deuxième loi dans le monde (après la Constitution américaine de 1787) et la première en Europe, qui vise à réglementer l'organisation de l’État ainsi que les droits et les devoirs des citoyens. Cette loi fondamentale a été adoptée par le parti patriotique à la suite d'un compromis avec le parti royal, résultant des aspirations à l’amélioration des relations internes de la République après son 1er partage perpétré par la Prusse, l'Autriche et la Russie en 1772 et établissant les bases d’un système politique moderne en Pologne.

    La Constitution avait été conçue pour éliminer les imperfections existant depuis longtemps du système politique de la République des Deux Nations et de sa liberté dorée. Elle introduit l’égalité politique entre les bourgeois et les nobles et place les paysans sous la protection de l'État, atténuant ainsi les pires abus du servage. Elle abolit les institutions néfastes, tel le liberum veto qui, avant l'adoption de la Constitution, laissait la Diète à la merci de tout député qui, s’il le voulait - de sa propre initiative, ou soudoyé par des forces étrangères ou des magnats - pouvait invalider toutes les résolutions adoptées par la Diète. La Constitution du 3 mai devait repousser l'anarchie existante, soutenue par une partie des magnats nationaux, au profit d'une monarchie constitutionnelle.

    Les dispositions de la Constitution centralisent l’État, abolissant le caractère distinctif entre la Couronne du Royaume de Pologne et le Grand-duché de Lituanie, introduisent un gouvernement, un trésor d’État et une armée uniques. Comme religion officielle est reconnu le catholicisme, tout en tolérant complètement les autres religions reconnues par l'État. La Constitution introduit un pouvoir tripartite : le pouvoir législatif devait être exercé par un Parlement bicaméral composé de la noblesse terrienne (204 députés) et de 24 plénipotentiaires des villes.

    On réduit considérablement le rôle du Sénat, les instructions parlementaires, les confédérations et le liberum veto sont abolis, les décisions seront prises par un vote à la majorité simple. La durée du mandat de la Diète est de deux ans, les sessions devant être organisées en cas de nécessité, tous les 25 ans le Parlement sera convoqué en vue d'améliorer la Constitution. Le pouvoir exécutif est accordé au roi et au Conseil - appelé Garde des Lois - composé du primat et de cinq ministres : de la police, des sceaux ou des affaires intérieures, des affaires étrangères, de la guerre et du Trésor - nommés par le roi. Les ministres sont responsables devant la Diète pour les actes par eux signés. Le roi est président de la Garde, a le droit de nommer les évêques, les sénateurs, les ministres, les fonctionnaires et les officiers ; en cas de guerre il exerce le commandement suprême de l'armée.

    On abolit les élections libres, après la mort du roi Stanislas II Auguste le trône devrait être héréditaire, mais en cas d'extinction de la famille royale la noblesse aura à choisir une nouvelle dynastie. La Constitution annonce une réorganisation de l'appareil judiciaire, appelant à la nécessité de créer des tribunaux ruraux et municipaux siégeant en permanence, ainsi que pour les superviser en deuxième instance le Tribunal de la Couronne et la juridiction assessorale.

    Cette tentative de réforme sera abolie dès le milieu de l’année 1792. Vont y contribuer la Confédération de Targowica et l'intervention des troupes russes sur le territoire de la République. Plus tard, aux traditions du 3 mai vont se référer différentes orientations politiques, chacune interprétant plutôt arbitrairement les idées de la Constitution de 1791.

    La célébration de la Fête de la Constitution du 3 mai sera interdite pendant les partages, elle ne sera reprise qu’en 1919. Elle sera de nouveau interdite par les nazis et les Soviétiques pendant l'occupation de la Pologne durant la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, elle sera célébrée jusqu'en 1946 quand, après les manifestations anticommunistes, elle sera remplacée par les célébrations du 1er mai.

    En janvier 1951, cette fête sera officiellement rendu illégale par les autorités communistes. Jusqu'en 1989, ce jour-là vont souvent avoir lieu en Pologne des protestations et des manifestations antigouvernementales et anticommunistes. Suite au changement de régime, depuis avril 1990 la Fête de la Constitution du 3 mai appartient aux fêtes polonaises solennellement célébrées. Aujourd'hui, le 3 mai occupe la deuxième place juste après le 11 novembre. Cette fête nous rappelle les efforts des patriotes qui se sont engagés dans la difficile tâche de réformer un État en décomposition. Elle nous fournit beaucoup de modèles à suivre, nous donne des exemples de comportements patriotiques.

    *La première date d’adoption de la Constitution aurait dû être le 5 mai 1791, mais ses partisans, craignant la menace du recours à la force par le parti pro-russe, ont avancé de deux jours la date pour délibérer sur le document. Les délibérations et l'adoption de la Constitution se sont déroulées de manière inattendue. Beaucoup de députés sont arrivés plus tôt en secret et le lieu des débats (le Château royal à Varsovie) était gardé par la Garde royale et les troupes sous le commandement du prince Józef Poniatowski qui, avec un groupe d'officiers, se trouvait dans la chambre parlementaire non loin du trône. Le hasard a fait adopter la constitution sans lecture. Le député de la Livonie, Michał Zabiełło a appelé à l'adoption de la Constitution et le roi à sa prestation de serment. Le souverain a levé la main pour signaler qu'il voulait parler, ce que les partisans de la Constitution ont pris pour son approbation à prêter serment. Le roi a prêté serment devant l’évêque de Cracovie Feliks Turski. ‹LS›

    Sur ce tableau (247x446 cm) de Jan Matejko peint en 1891 pour le centenaire de l’adoption de la Constitution, on peut apercevoir Stefan Małachowski, maréchal de la Grande Diète, porté sur les épaules de deux députés et tenant triomphalement à la main le texte de la Constitution et Stanisław August Poniatowski, le roi de Pologne, montant les marches de la collégiale Saint-Jean, sa cape rouge de couronnement sur le dos.

  • 2 mai
    02/05/2025

    2004 - Pour la première fois est célébré le 2 mai en Pologne le Jour du drapeau de la République de Pologne. Cette fête a été instituée par une loi votée par la Diète le 20 février 2004. On la célèbre par l'organisation de divers types d'événements et de manifestations politiques. Son rôle principal est de promouvoir la connaissance de l'identité polonaise et les symboles nationaux. Les couleurs apparaissant sur le drapeau national sont l'un des éléments les plus importants de l'identité nationale. Les couleurs nationales polonaises se sont formées au cours des siècles et elles sont l'une des rares à avoir une origine héraldique. Le Jour du drapeau est l'une des fêtes nationales les plus récentes, c’est pourquoi elle devrait être propagée et on devrait en parler autant que possible. Il y a deux raisons historiques pour lesquelles le Jour du drapeau a été institué le 2 mai. Tout d'abord, c’est justement ce jour-là qu’en prenant la ville de Berlin les soldats de la 1e Division Kościuszko ont déployé le drapeau blanc et rouge sur la colonne de la victoire du parc Großer Tiergarten. Deuxièmement, pendant la période communiste, le 2 mai, les citoyens avaient l’injonction de retirer les drapeaux du 1er mai, afin qu'ils ne soient pas arborés lors de la Fête - non reconnue par les autorités - de la Constitution du 3 mai.

    *Depuis 2002, le 2 mai est célébrée également la Journée de la Polonia et des Polonais à l'étranger, fête polonaise établie par la Diète polonaise, à l'initiative du Sénat - en reconnaissance des réalisations séculaires et de la contribution de la Polonia et des Polonais vivant à l'étranger au recouvrement de l'indépendance de la Pologne, pour leur loyauté et leur attachement à la polonité ainsi que pour leur aide au pays dans les moments les plus difficiles. Le jour du 2 mai n’est pas un jour férié.

    Selon les données du ministère des Affaires étrangères, environ 20 millions de personnes d'origine polonaise vivent en dehors de la Pologne. Il s'agit de personnes qui ont quitté le pays ou sont nées hors de Pologne, mais qui se sentent d'origine polonaise et liées à la polonité : descendants d'émigrants et de réfugiés du XIXe siècle fuyant les guerres, générations successives d'anciens citoyens polonais restés à l'Est, familles d’anciens dissidents et de migrants économiques du XXe siècle. ‹LS›

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