Éphéméride polonaise
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13 décembre13/12/2025

1981 - À 6 heures du matin, la Radio polonaise diffuse une intervention du général Wojciech Jaruzelski, dans laquelle celui-ci informe les Polonais de la constitution du Conseil militaire de salut national (WRON) et de l'introduction, en vertu d’un décret du Conseil d'État, de la loi martiale dans tout le pays. Le WRON - organe qui va administrer la Pologne pendant la loi martiale - dirigé par le général Jaruzelski a un caractère anticonstitutionnel, les caractéristiques d'une junte militaire. La loi martiale en Pologne, préparée depuis août 1980, le gouvernement de l’époque la justifie par la menace d'un coup d'État et la prise du pouvoir par l'opposition regroupée dans Solidarność, l'effondrement de l'économie, la possibilité d'une intervention soviétique. Les dispositions de la loi martiale restreignent les droits civiques fondamentaux, entre autres, est mis en place le couvre-feu (jusqu’en mai 1982), sont suspendues les activités des organisations sociales et des syndicats (certains ont été dissous, tels Solidarność, l’Association indépendante des étudiants - NZS, l'Association des journalistes polonais - SDP, l’Association des artistes polonais - ZASP, l’Association des écrivains polonais - ZLP), dans d’autres des changements sont apportés dans la direction, comme dans l'Association laïque catholique PAX. Les secteurs principaux de l'économie sont militarisés, les changements de lieu de résidence sont interdits, la censure de la correspondance et une procédure en référé devant les tribunaux sont introduites. Les militants de Solidarność, ceux de l'opposition politique et plusieurs représentants des gouvernements d’avant août 1980 seront internés (au total environ dix mille personnes). Les militants de Solidarność restés en liberté vont créer en avril 1982 la Commission provisoire de coordination (Zbigniew Bujak, Władysław Frasyniuk, Władysław Hardek, Bogdan Lis) et entreprendront une activité clandestine, organisant des manifestations (entre autres à Varsovie, à Gdańsk, à Nowa Huta, à Cracovie) ainsi que des grèves dans les usines et les mines, réprimées par les réserves motorisées de la milice citoyenne (ZOMO) parfois avec utilisation de matériel militaire lourd (entre autres, 9 mineurs seront tués à la mine Wujek en décembre 1981, d’autres victimes décéderont à Lubin en août 1982). Les participants aux événements protestataires, les militants de la conspiration, les membres de Solidarność, seront licenciés, victimes de tracasseries, de calomnies, et seront incités à faire des “déclarations de loyauté”. Avec la collaboration du Service de sécurité - SB, on procédera à des vérifications sur les employés des tribunaux, de l’éducation, du gouvernement, des médias. Une large sphère de la société entreprendra un boycott des organisations et des institutions contrôlées par les autorités, il se créera un mouvement clandestin de la presse et de l'édition, un circuit indépendant de l’information (par exemple, Radio “Solidarność”). Une aide à grande échelle aux persécutés par les autorités sera menée par l'Église catholique. “Solidarność” clandestine sera soutenue moralement et matériellement par des organisations internationales (par exemple, l'Organisation internationale du travail) et des centrales syndicales. Les États-Unis appliqueront des sanctions économiques contre la Pologne populaire. Compte tenu de la situation économique qui va se dégrader (baisse de la production, manque de marchandises sur le marché, système de distribution des cartes de première nécessité) et de la situation politique (pression de l'opinion publique internationale), la loi martiale sera suspendue le 31 décembre 1982, abolie le 22 juillet 1983 (les pratiques répressives et une partie de la législation survivront jusqu'en 1989), et en février 1992, la Diète décidera son introduction comme illégale. En 2007, les membres du WRON seront accusés par les procureurs de l’Institut de la mémoire nationale de crime communiste, pour avoir dirigé une association criminelle à caractère armé. ‹LS›
12 décembre12/12/2025
1952 - À Varsovie, réunion organisée par le Ministère de la Sécurité publique de 1 500 ainsi nommés prêtres patriotiques, des prêtres soutenant le gouvernement populaire et les changements qui se sont produits dans la Pologne populaire après 1944. Le mouvement des prêtres patriotiques sera actif dans les années 1949-1956 et aura sa représentation à l'Union des combattants pour la liberté et la démocratie sous la forme d’une Commission des prêtres.
La tâche principale des «prêtres patriotiques» (souvent appelés par eux-mêmes «frères sacerdotaux gris») sera l'indépendance de l'Église catholique polonaise par rapport à Rome et sa subordination aux autorités communistes en Pologne, ainsi que le façonnage dans la société polonaise, en majeure partie catholique, d’attitudes d'acceptation totale de la politique communiste dans le pays. Les organes de presse du mouvement furent les magazines „Głos Kapłana”/La voix du prêtre, „Ksiądz Obywatel”/Le prêtre citoyen et „Kuźnica Kapłańska”/La forge sacerdotale. En 1952, le mouvement rassembla environ 10% du clergé catholique en Pologne.
Avec le retour du primat Stefan Wyszyński de son séjour en prison et avec la reprise par l'Église du contrôle total sur les structures ecclésiales en Pologne, les «prêtres patriotes» seront efficacement marginalisés.
Le milieu des «prêtres patriotes» a cependant fonctionné jusque dans les années 1980. ‹LS›


